26juin 13

Je vais ralentir la cadence de parution sur ce blog puisque sans doute ce sera bientôt l’été pour de vrai. Je vais pouvoir mettre de la distance avec mon quotidien acharné. Mais avant cela il ne faut pas abandonner les combats en cours. C’est pourquoi je renvoie à ce qu’écrit mon avocate Raquel Garrido sur le procès que madame Le Pen lui intente. La tentative de faire taire la défense d’un avocat ou de l’intimider par une poursuite judiciaire est un fait d’une exceptionnelle rareté et gravité. J’ai noté quels médias étaient présents à la conférence de presse organisée sur le thème. Car à peine quelques heures après le résultat de Villeneuve sur Lot et leurs meuglements solennels, les vaches sacrées paissaient déjà ailleurs.

Je prolonge aussi mon post sur l’affaire Kerviel. Pour cela je pars de la loi bancaire en cours d’examen et je m’intéresse au contexte de l’action de la Banque en cause, la Société Générale au moment où elle décide de faire de Kerviel un coupable idéal.

Avant de dételer, je vais faire encore une session à Strasbourg et encore avant cela, cette fin de semaine, je conclurai deux grandes fêtes populaire: celle du « Travailleurs Catalan » dans les Pyrénées orientales et celle de Lézan dans le Gard organisée par mes amis communistes. Là j’aurais l’occasion de développer ce que je pense du moment et de ce que nous devons faire selon moi. Puis j’irai aux journées d’été du Parti de la Gauche européenne à Porto où je dois conclure le meeting du vendredi. De là je rentrerai à Paris pour boucler une valise au long cours avant d’aller à Quito, en Equateur, où se travaille la déclaration à propos du forum de la révolution citoyenne. Après quoi j’irai au forum de San Paolo, comme l’an passé, mais en compagnie d’éminents amis vénézuéliens si tout se passe comme prévu. Je pense que je resterai un peu sur place à Quito, pour souffler et me soustraire à la hargne médiatique qui m’accable ici, où que j’aille et quoique je fasse, toujours sur « l’à côté » qui, bien sûr, « révèle » l’essentiel. Exemple récent. Sans doute l’avez-vous ignoré mais de mes cinq heures au salon du Bourget, le « Lab d’Europe 1 », un vieil ennemi traditionnel très proche de la droite extrême, a extrait quelques secondes du travail d’une caméra de « France 2 » dont j’avais accepté l’accompagnement. Les images sélectionnées sont présentées pour souligner ma préférence pour la classe affaire en avion. Elle est réelle. On s’intéresse moins à ma description de la maltraitance des passagers de la classe économique ! Elles ont fait le « buzz » comme on le dit. Mes « goûts de luxe » ont été aussitôt pointés dans le JDD. Lequel de ces clowns voyage comme moi en métro et en bus dans Paris ? Lequel de ces pitres voyage en classe éco quand il fait des voyages ? Et combien se paient leur billet d’avion eux-mêmes ? Aucun bien sûr. Le « Lab d’Europe 1 » est spécialisé dans ce genre de montage provocant à mon sujet. Une sorte de « petit journal » en plus gras, plus trivial et en moins drôle.

L’essentiel pour moi, cela aura été le résultat de l’élection partielle de Villeneuve. Je crois que, comme la plupart d’entre vous, je comprends parfaitement bien ce qui s’est passé là-bas une fois de plus. Je vois, comme beaucoup d’entre vous, comment le contexte et le mélange qui conduisent à ce deuxième tour est dorénavant très fermement installé. Certes c’est l’UMP qui a gagné le siège. Mais c’est le Front National qui a la victoire politique. En tous cas cela ne doit pas nous conduire à sous-estimer nos propres responsabilités. Je vais y venir. Mais avant cela, encore une fois je dis que le pilonnage médiatique qui accompagne la montée en puissance incontestable du Front national joue un rôle décisif dans ce processus.

La lepénisation médiatique

L’évolution d’un Robert Ménard n’est pas anecdotique mais révélatrice de ce qui se passe dans cette profession. De « Reporters Sans Frontières » (que je n’assimile pas à sa trajectoire) au Front National à Béziers en passant par l’apologie du Dalaï Lama comme prétexte à la haine quasi raciste anti chinoise, comment ne pas voir les ingrédients qui ont coagulés dans cet esprit perturbé ? Comment ne pas percevoir l’arrogance sectaire et normative des maitres de plateau télé qui se perdent ensuite dans leurs certitudes aveuglées ? Comment ne pas y voir un écho du sentiment de toute-puissance que leur donne le narcissisme télévisé. Comment ne pas sentir l’affichage du sentiment d’appartenir à une profession dépositaire et véhicule de la vérité ? Ménard n’est pas une exception. Il est juste très visible. Mais il n’est pas si caricatural. Il s’agit d’une vague profonde ! Les adeptes du Front National sont désormais bien plus nombreux qu’on ne le croit dans les rédactions où dominait la droite et dans celle où l’on déteste les musulmans. Dans les sommets c’est une autre paire de manches. A l’abri d’un noir corporatisme de caste qui interdit toute critique des contenus et des censures, opère une mince couche dirigeante de médiacrâtes dont les atavismes encouragent le pire. Bref: un certain nombre de médias sont directement responsables de la cristallisation de l’opinion qui s’opère du côté du Front National. Comment ?

Ils fonctionnent comme coagulateur de miasmes. Comme un prescripteur qui diffuse un angle de vue sur toute la scène médiatique. Par contamination, il formate un « air du temps » exclusivement profitable à l’ecosystème culturel du Front National. Dans la plupart des situations, la paresse intellectuelle, le régime de peur sociale régnant dans maintes rédactions, et le panurgisme compulsif expliquent ce que les vendettas personnelles et les accointances politiques ne suffisent pas à décrire. Mais dans quelques cas notoires il s’agit d’une orientation qui se déduit de la matrice éditoriale elle-même. L’idéologie d’extrême droite prolifère sur un terreau culturel bien connu et bien décrit depuis longtemps. Cinq condiments essentiels s’y trouvent. Il y a d’abord, bien sûr, l’état de détresse sociale accompagnée par la peur du déclassement dans les catégories sociales dites « moyennes ». Ensuite le fantasme du « déclin national », toujours mis en scène de façon catastrophiste. Puis l’antiparlementarisme et la disqualification permanente du « politique » toujours présenté comme impur et corruptible. Il y a aussi la mise en scène nostalgique d’un état de nature bienfaisant malheureusement ignoré. Et enfin il y a la figure  l’ennemi de l’intérieur infiltré et tout puissant : juif, franc-maçon, musulman. Ces éléments se retrouvent tous ensemble dans certaines publications de référence, à l’exception de l’anti-sémitisme que, pour l’instant, aucune n’assume. Mais, quand bien même la diffusion de cette sous couche est-elle éparpillée au gré des titres et des moments, elle ne manque jamais de fusionner dans les esprits. Surtout depuis que la dédiabolisation de Marine Le Pen est martelée et que ses thèmes sont banalisés sur le mode par exemple des « unes » de l’Express. Comment oublier dans ce registre le « sondage exclusif » du journal « Le  Monde » dont les questions, la mise en page et la présentation constituent à eux seuls un cas d’école. Lisez cette accroche : « Un Français sur deux considère aujourd’hui que le déclin de la France est «inéluctable». Une proportion qui monte à 77% chez les partisans du Front national. Ils sont également très nombreux à considérer la mondialisation comme «une menace», à juger que la France doit «se protéger», et qu’elle a besoin d’un «vrai chef». Les politiques, l’islam et… les journalistes sont voués aux gémonies. Les conclusions de la grande enquête Ipsos pour Le Monde, réalisée avec le Cevipof et la Fondation Jean Jaurès, montrent que, chez les Français, le ressentiment cède à l’hostilité, et le repli à la grande crispation identitaire. Un tableau très sombre analysé par l’historien Michel Winock et commenté par José Bové, Pierre Laurent, Ségolène Royal, Jean-Louis Borloo, Jean-François Copé et Marine Le Pen. » Oui ce jour là même l’appel au chef avait été « sondé », c’est-à-dire suggéré comme chacun le sait.

Mais tout cela ne nous dispense pas de nos propres responsabilités. Je ne parle pas des responsabilités locales. Abandonnés à eux-mêmes les militants locaux ont fait du mieux qu’ils pouvaient. Cela ne veut pas dire que j’approuve ce qui s’est fait mais je veux respecter et saluer le dévouement qui s’est exprimé sans relâche. Je parle ici du niveau national et je m’inclus donc dans les reproches que je nous fait, cela va de soi.
L’auto critique que nous devons faire est d’abord que cette élection partielle n’a pas été traitée comme une élection nationale ! Et cela alors même que l’alerte avait déjà été donnée avec l’élection dans l’Oise elle aussi cantonnée au niveau local. De son côté le Front national a piloté sa campagne avec tous les moyens du national et sous sa vigilance. Comment faisons-nous pour traiter et préparer avec un soin de notaire chaque manifestation nationale de notre mouvement et abandonner aux hasards locaux et à ses moyens très modestes une campagne de ce type ? Le fond de l’affaire, au niveau national, est politique. Il faudra avoir le courage de l’aborder. La discussion qui opposait « le coup de balai » que j’avais prôné au nom du PG et celle de la « truelle pour construire » portée par la direction du PCF et la gauche unitaire de Christian Piquet, si elle devait être minimisée en public dans le contexte inopportun de la préparation de la manifestation du 5 mai n’en est pas moins concernée ici. On ne pourra pas dire que le thème local fut « le coup de balai » ni « la gauche sans complexe et sans casserole » que j’avais porté à Hénin Beaumont comme ligne de campagne. Elle nous avait pourtant permis de gagner 1000 voix en trois semaines. Cette orientation me parait tout à fait indiquée quand est en jeu dans une élection de ce type la masse des désemparés et désorientés dégoutés par la situation et qui cherchent une issue positive. Tout ce qui ressemble à un accommodement avec le système tout ce qui se réfère à l’ancien monde politico institutionnel est disqualifié à juste titre dans ces milieux très divers socialement et donc peut captables par les discours catégoriels des campagnes électorales classiques.

L’illusion est de croire que nous pourrions grappiller des électeurs aux socialistes convaincus, par de bonnes manières et un parler doux et complice. Ceux-là ont encore voté à 21 % pour le candidat du parti de Cahuzac, sans état d’âme. Mais ceux-là aussi auraient peut-être bougé davantage s’ils avaient été secoués par une interpellation spécifique, venue de notre niveau national et s’ils avaient senti qu’ils pouvaient jouer un rôle plus fondateur que de reconduire sans cesse le même paysage. De son côté le Front national a fait ce double travail en direction des désorientés d’une part et des électeurs traditionnels de la droite d’autre part. Personne ne lui ayant demandé de compte sur l’implication de ses proches dans les aventures de Cahuzac, pas même le journal « Le Monde » qui avait sorti l’affaire de façon très soudaine et très documentée, Marine le Pen a eu les mains libres. Et de même à propos du meurtre de Clément Méric. J’ai subi dix fois plus de buzz à propos de sièges d’avion en classe affaire ou éco que n’en ont donné mes articles fouillés et argumentés ou ceux de mon ami Alexis Corbière montrant les liens entre le parti des Le Pen et le meurtrier.

A côté de cela, peut-être lui a-t-on facilité la tâche en publiant un tract en arabe que j’avais d’abord pris pour un faux quand on me le montra ! Je pense qu’il s’agit d’une erreur qui mérite d’être discutée sur le fond. Car quelles sont les motivations des camarades qui peuvent croire qu’il y a des « citoyens français d’origine maghrébine » qui ont besoin de lire notre message dans une langue qui n’est pas la leur, à supposer qu’ils la lisent, et plus encore qu’ils la lisent dans le dialecte choisi ! Bien sûr je sais bien que les rédacteurs n’avaient pas l’intention d’aider madame Le Pen. Mais les camarades ont-ils compris que c’est bien ce qui s’est passé et surtout comprennent-ils tous, au niveau local et au niveau national, pourquoi c’est bien le cas ? Et surtout pourquoi c’est inacceptable dans tous les cas ?

Comme je l’ai dit pour commencer mon propos je crois que la façon dont nous avons tourné le dos au niveau local en le laissant se débrouiller du défi interpelle notre difficulté à trancher des questions moins compliquées qu’il y parait d’abord. Or, on ne peut pas faire exister plusieurs stratégies de combat en même temps. Déjà le concert de critiques confuses à propos de la ligne dite « Front contre Front » a tétanisé la parole et la réflexion ! L’application de la ligne inverse, sans le succès de la première, va-t-elle aussi bloquer le débat ?  En tous cas le drapeau levé par nous dans la campagne présidentielle, les enseignements de mes débats avec madame Le Pen, puis ceux de ma présence à Henin-Beaumont semblent devenus bien éloignés des acquis de notre famille politique. Est-ce parce qu’ils ont été mis de côté après Henin-Beaumont ? Qu’ont produit alors les sempiternelles injonctions de « montrer plutôt d’abord le contenu alternatif de nos propositions » ce qui ne m’a jamais paru contradictoire ? En tous cas je note que « Le Monde » peut dorénavant se permettre aussi de dire qu’aucune grande « voix forte et légitime à gauche ni à droite n’a pris en charge le combat contre le Front National » pour finir d’effacer du tableau notre combat récent, sans ressentir le besoin de mentionner « le contenu alternatif de nos propositions concrètes ».

Mon intention n’est pas ici de sanctionner des débats du passé récent dont il est évident que les évènements ont suffi à les trancher. Mon souhait est que la leçon serve et que nous prenions les combats en main d’une façon plus collective pas seulement quand il est question de moi, mais dans tous les cas où l’avenir de notre projet est engagé.
La responsabilité de notre déconvenue locale à Villeneuve est exclusivement d’ordre national. Nous n’avons été les jouets d’aucune fatalité. Nous sommes une force nouvelle. La difficulté à aborder un combat nouveau est naturelle. Elle ne doit pas nous complexer. Mais le contexte et sa dangerosité ne nous permet aucun des conforts que les autres peuvent se permettre. Nous cacher nos erreurs ne serait pas à la hauteur de l’événement et du seuil qu’il contient. Sur le terrain, cette fois ci, le Front national a pris la main comme alternative au système. Et cela dans un contexte qui aurait permis que soient exploitées toutes les potentialités d’une ligne qui avait prouvé sa force d’entrainement dans la spectaculaire manifestation du 5 Mai. Seuls les naïfs pouvaient croire que nous recevrions de l’aide de la sphère médiatique pour cibler le Front national et contrer son avancée. Une fois de plus, comme à Hénin-Beaumont, et comme je l’avais dit, ce fut le contraire, notamment dans la presse régionale cette petite tyrannie intolérante avec nous et complaisante avec le système qui les gave. La confusion stratégique, les atermoiements tactiques et les illusions sur l’adversité nous exposent à de terribles déconvenues que la gravité de la situation ne permet pas. D’autres partielles auront lieu. Il faudra se souvenir de celle-ci. D’autres élections arrivent. Il faudra aussi se souvenir de comment nous avons perdu celle-ci.

De Kerviel, de la banque et des banksters

Ce mercredi 26 juin, le Sénat examine en deuxième lecture la fumeuse "loi bancaire" de François Hollande. Mes lecteurs savent que François Hollande a complètement renoncé à son discours du Bourget de la campagne présidentielle. Nous sommes bien loin de ce 22 janvier 2011 où le candidat du PS déclarait "Mon véritable adversaire n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance". J'en dis un mot et j'en profite pour revenir sur cette banque particulière qu'est la Société Générale.

Cette loi est un coup de pistolet à bouchon dans la guerre contre la finance. Je l'ai déjà dit ainsi que mes camarades et d'autres économistes comme Frédéric Lordon. L'économiste du CNRS et de la Paris School of Economics Gaël Giraud aussi. Il a produit une longue note d'analyse du projet de loi bancaire. Cette note, écrite en décembre dernier, a beaucoup circulé. Et pour cause, en 27 pages, elle montre combien le projet de loi Moscovici-Hollande ne changera rien ou presque. Gaël Giraud résume ses 27 pages de la façon suivante : "On montre qu'il est nécessaire de scinder les activités bancaires pour au moins 5 motifs distincts, répondant à 5 problèmes majeurs qui affectent aujourd'hui l'activité bancaire et pénalisent l'économie française. On rappelle les différentes manières de scinder déjà envisagées (Volcker, Vickers, Liikanen, Glas Steagall Act), et on les compare au projet de loi actuel. L'examen de celui-ci révèle que, dans son état actuel, il ne résout aucun des 5 problèmes mentionnés, et s'avère même cumuler toutes les faiblesses des projets antérieurs sans hériter d'aucune de leur qualité. La note se termine par l'examen des objections formulées par le secteur bancaire à une scission effective, et conclut qu'aucune de ces objections ne légitime un refus de scinder les activités bancaires". Le bilan est donc piteux.

L'absence de séparation entre banque d'affaires et banque de détail (celle qui gère vos petites économies) est le reniement majeur de François Hollande. C'est aussi l'une des faiblesses principales du projet de loi. C'est tellement vrai que les députés de la commission des Finances de l'Assemblée nationale se souviennent encore de la provocation du patron d'une des très grandes banques française. Le 30 janvier dernier, lors de son audition dans le cadre de l'examen du projet de loi bancaire, ce PDG avait avoué sans gêne que le projet de loi Moscovici n'obligerait la banque à filialiser que 0,75% de ses activités… Même pas une pichenette ! Ce patron, c'était Frédéric Oudéa, actuel président directeur général de la Société Générale.

La Société Générale ! C’est le moment d’en parler après l’avoir beaucoup évoquée dans ma précédente note. La SoGé fait parti des trois plus importantes banques françaises. A eux seuls, les actifs détenus par la Société Générale représente l'équivalent de 55% de toute la richesse produite en un an dans notre pays. Ces dernières décennies, la banque s'est développée vers des activités de marché de plus en plus risquées et spéculatives. La chronologie est très clasique : privatisation à la fin des années 1980 sous Chirac, montée en puissance des activités de banque d'investissement avec sa filiale SGCIB (Société Générale Corporate & Investment Banking) dans les années 1990, internationalisation dans les années 2000. C’est là que commence les points de contacts dangereux. Cette internationalisation se fait certes en Europe mais aussi sur le marché américain. Voila comment arrivent les crédits subprimes. En 2012, la situation est la suivante, le Produit Net Bancaire de la banque, c'est-à-dire l'équivalent de son chiffre d'affaires, se répartit de la façon suivante. Un tiers (32,7% exactement) pour l'activité de banque de détail en France, c'est-à-dire la gestion des économies et des prêts aux particuliers et entreprises. 19,8% pour la même activité à l'international. Au total, seulement la moitié de l'activité de la banque est constitué d'activités de prêts aux ménages et aux entreprises de l'économie réelle. L'autre moitié se décompose de la façon suivante. Les prestations de services financiers spécialisés et d'assurance comptent pour 14%. La gestion d'actifs compte pour 8,7%. Et l'activité de banque de financement et d'investissement représente 24,8% ! C’est de cette partie que peut venir le danger c’est a dire le gouffre où seraient englouties vos économies. Un quart de l'activité de la banque sont employés à la spéculation. La loi bancaire de Moscovici n'obligera pourtant la banque à isoler que que moins de 1% de son produit net bancaire et non 25% !

Dans sa note, Gaël Giraud révélait un autre détail passé inaperçu sur la Société Générale. Il intéressera tous ceux qui ont lu mon billet sur l'affaire Kerviel. Gaël Giraud rappelle que "la Société Générale doit sa survie au contribuable américain : sur les 80 milliards de dollars apportés par le budget fédéral fin 2008 lors du sauvetage [de l'assureur américain] AIG, 12 milliards étaient dus par AIG à la banque française". L'économiste rappelle cet épisode de la crise des subprimes pour montrer que Moscovici à tort quand il défend le "modèle universel des banques françaises". En parlant ce langage, Pierre Moscovici ne fait que reprendre l'argument des grandes banques françaises, BNP et Société Générale en tête. Les banques plaident qu'elles ont mieux résisté à la crise des subprimes que les banques américaines car elles étaient à la fois des banques d'affaires et des banques de détail. Elles répètent ce mensonge pour s'opposer à une séparation stricte entre leurs activités. Ce refrain, Gaël Giraud montre que c'est un mensonge et que le prétendu "modèle" des banques françaises n'en est pas un.
Il rappelle surtout que la Société Générale a failli perdre beaucoup d'argent dans la crise des subprimes fin 2008 aux Etats-Unis. 12 milliards de dollars au moins du seul fait de ce que lui devait l'assureur AIG. On est bien loin des deux petits milliards d'euros de pertes reconnues en France par la banque au début de la même 2008 année au titre des subprimes pour 2007.
A ce moment là, en janvier 2008, la Société Générale perd 6,4 autres milliards d'euros qu'elle impute à Jérôme Kerviel. Certes comme je l’ai dit elle prend soin de déduire de cette perte les gains de Kerviel pour 1,5 milliards d'euros. Reste donc au total 4,9 milliards d'euros de perte. Voila des montants qui paraissent déjà un peu plus en phase avec les pertes que la Société Générale a failli essuyé à la fin de l'année 2008 à cause des subprimes, non ? La banque a-t-elle fait porter à Kerviel le chapeau d'autres pertes réalisées à cause des subprimes ?

Les dernières révélations de Médiapart rendent la question encore plus légitime. Jérôme Kerviel a été condamné sur la base d'un enregistrement de l'interrogatoire réalisé par la Société Générale elle-même. La banque a remis les bandes audios à la justice. Mais les avocats de Jérôme Kerviel n'y ont pas eu accès avant le premier procès. Officiellement, il leur a été répondu que "la demande de copie de ces deux scellés apparaît sans objet, leur retranscription figurant dans la procédure". Or les retranscriptions aussi ont été elles aussi fournies par la banque ! Les avocats de Jérôme Kerviel ont fini par avoir accès aux bandes audios dans le cadre de la procédure d'appel. Et ils les ont fait analysées par des experts. Le résultat est saisissant, dit Martine Orange de Médiapart qui a mené l’enquête !

Vendredi dernier, Mediapart a ainsi révélé la chose suivante : "à l’écoute, tout paraît bizarre. Là où la transcription dactylographiée donnait l’impression d’une conversation suivie et complète, les enregistrements –éclatés en plus de 360 fichiers– renvoient des dialogues confus, inaudibles et surtout ponctués d’importants blancs ou silences". En "reprenant les heures et les dates du début et de la fin des enregistrements", les experts concluent qu'"il devrait donc y avoir 8h54 min d’enregistrements." "Or la sommation de la durée des fichiers sur les seuls enregistrements en présence de Jérôme Kerviel est de 6h10mm, ce qui permet de conclure qu’au minimum 2h44mm sont manquantes". Et Mediapart s'interroge à juste titre sur ces "étranges silences". Qu'y a-t-il sur les 164 minutes manquantes ? Qu'a dit Jérôme Kerviel pendant tout ce temps ? Quelles questions lui ont été posées ? Qu'ont dit les dirigeants de la banque qui l'interrogeaient ? Les bandes audios ont-elles été volontairement coupées pour taire des passages compromettants pour la banque ? Ou pire, pour monter de toute pièce un récit accablant pour Jérôme Kerviel ?

L'affaire est grave. Quelle confiance avoir dans les dirigeants des grandes banques en général et de la Société Générale en particulier. Leur business model flirte souvent avec la légalité. Si le mot bankster a été si souvent utilisé pour les désigner ce n’est pas par caprice. A mi-chemin entre banquiers et gangsters le mot désigne bien un type de façon d’être. Comme je l’ai déjà écrit, dans les suites de la fraudes imputées à Kerviel, la Société Générale a été condamnée le 4 juillet 2008 à 4 millions d'euros d'amendes pour "défaillance de ses systèmes de contrôle" par la Commission bancaire française, l'autorité de régulation des activités bancaires. A l'appui de sa décision, la Commission bancaire pointait que "les défaillance relevées, en particulier les carences des contrôles hiérarchiques, se sont poursuivies pendant une longue période, à savoir l'année 2007, sans que le système de contrôle interne n'ait permis de les déceler et de les corriger". Elle relevait surtout "des carences graves du système de contrôle interne, dépassant la répétition de simples défaillances individuelles". C'est donc bien un système qui était pointé du doigt. Un de mes commentateurs de la note précedente, tartampion écrit a ce sujet : « J'ai été prestataire de service dans la salle des marchés de la Société Générale, avant l'affaire Kerviel. La sécurité informatique interne y était limite inexistante: pour ceux qui connaissent le métier, on faisait des telnet directement en root sur les serveurs, et les mots de passes n'avaient pas l'air de changer souvent. Cela signifie qu'il n'y a pas de traçabilité fiable des opérations commises par les gens du backoffice. Si Jérôme Kerviel a fait un séjour au backoffice, il a donc acquis des accès lui permettant de faire par la suite tous les trafics possibles sans avoir à pirater quoi que ce soit: il lui aura suffit d'exploiter la négligence omniprésente en matière de sécurité informatique, qui est assez éloignée de l'état de l'art en la matière. Il m'a été difficile de comprendre pourquoi c'était si laxiste, mais maintenant ma conviction est qu'on savait bien que sécuriser un accès risquait de couper la route à quelqu'un qui faisait des sous. Je ne peux pas imaginer que cette situation n'était pas voulue. »

Ce n'est pas tout, en 2011, l'Autorité des Marchés Financiers a condamné deux sous-filiales de gestion d'actifs hautement spéculatifs de la Société Générale à 2.5 millions d'euros d'amende. Ces sous-filiales géraient des produits financiers structurés comme les ABS, les CDOs…. Elles ont été condamnées pour "manquement à leur obligation de contrôle des risques". Il s'agit de SGAM-AI et de SGAM, créées et largement contrôlées par les dirigeants du groupe. Les deux premières lettres de leur sigle SG renvoyant directement au initiales de la banque Société Générale. La première filiale, SGAM-AI a même perdu 5 milliards d'euros entre 2007 et 2008 du fait de ses investissement dans des produits dérivés liés aux subprimes comme l'a révélé à l’époque « Libération » qui titrait "le nouveau fiasco à 5 milliards de la Société Générale". C'est l'équivalent de la fraude imputée à Jérôme Kerviel. La Société Générale elle-même a été visée en mai 2011 par une plainte pour fraude déposée par l'Agence fédérale de financement du logement (FHFA). Cet organisme du gouvernement états-unien considère la Société Générale et seize autres établissements financiers comme responsable de la crise des subprimes. Enfin, la Société Générale fait partie des nombreuses banques assignées à comparaître dans l'affaire des manipulation de taux du Libor. Ce taux d'intérêt interbancaire a fait l'objet de manipulations et de fraudes d'une telle ampleur que le scandale est désormais appelé "Liborgate" en référence au scandale du "watergate" qui poussa l'ancien président états-uniens Nixon à la démission en 1974.

Pendant que Jérôme Kerviel conteste son licenciement aux prud'hommes, la fête continue pour les dirigeants de la Société Générale. Bien sûr, l'ancien PDG Daniel Bouton est parti. Mais le suivant s'en donne à cœur joie. Le 13 mai dernier, Frédéric Oudéa, a ainsi vu son bonus augmenter de 75% ! Au titre de l'année 2012, il devrait ainsi toucher à 1,194 millions d'euros de rémunération variable contre 682 770 euros au titre de l'année 2011. Le PDG a même poussé la provocation jusqu'à proposer que sa rémunération soit convertie en actions revendables entre 2014 et 2016. Il espère ainsi profiter d'une hausse du cours de bourse pour empocher un jackpot encore plus juteux. Ces gains s'ajouteront à un salaire fixe d'un million d'euros par an, le gouvernement Ayrault n'ayant rien fait pour limiter les rémunérations extravagantes des grands patrons. Sur les salaires des grands patrons comme sur la loi bancaire, le PDG de la Société Générale peut dire merci à François Hollande et Pierre Moscovici. Les électeurs de Villeneuve sur lot avaient-ils une raison d’élire un député de plus pour soutenir cette politique ?

Tags: , ,


34 commentaires à “L’été finira bien par arriver”

  1. 1
    Romme dit:

    On s'en fout des manipulations d'Europe1 sur la classe affaire. Bonnes vacances !

  2. 2
    Lilly54 dit:

    Bonjour Jean-Luc, Bonjour Amis. Il y a vraiment de quoi être épuisé. Je vous sens très amer et nous le sommes tous. Le combat est rude et inégal. Vous encaissez tous les coups médiatiques et c'est injuste. Vous faites bien de prendre du repos et de vous ressourcer ailleurs. Ici le climat devient suffoquant. Mais ce n'est pas la chaleur de l'été. Ce sont les effluves nauséabondes qui remontent du ventre de la bête. Parfois, il m'arrive de penser : laissons-les s'enfoncer dans leur boue. Mais le risque est si grand. Jean-Luc, courage, on lit et on entend sur les réseaux sociaux de jolies réflexions sur vous et votre générosité. Les gens qui luttent et que vous avez soutenus savent faire la différence. Laissons-les braire ces parfumés privilégiés. Bon repos, bonnes vacances ainsi qu'à toute votre équipe et à tous les camarades du Front de Gauche.

  3. 3
    Pascale dit:

    Depuis des années, les médias, journalistes, manipulent le peuple, c'est la même chose quand ils ont un produit a vendre, une bonne pub, et oups, une bonne vente. Nous avons appris à les connaitre, mais là, ils vont bien trop loin, ils deviennent comme Cahuzac. "Je vous jure, ce que j'écris, ce que je dis, est vrai " ? A leur place j'aurai honte et je ne pourrai plus me regarder dans un miroir, enfin, c'est leurs consciences !

  4. 4
    orchidee dit:

    Bonnes vacances à vous, Jean-Luc, vous devez tellement en avoir besoin après tous les mauvais coups que vous recevez des médias, dont un dernièrement qui vient du journal de la 2 de dimanche, où un des personnages principaux du combat de Florange vous poignarde parce qu'il n'a pas compris, pauvre Martin, pauvre misère, qu'un coup de balai pour faire place nette à une VIème république n'était pas qu'un coup de pub pour vous, mais un besoin pour vous de redresser la France qui s'enlise dans la boue dans laquelle se complaisent tant de lâches et de voleurs. Merci pour votre courage, merci pour votre ténacité, merci de vos espoirs, merci pour vos discours qui nous galvanisent. Mais quel épuisement cela doit être, même si nous sommes pour vous, votre vitamine. Et quelle patience il vous faut, pour y croire toujours. Comme dirait Jacques Brel "quand on a que l'amour à offrir en partage".

  5. 5
    MICHEL D dit:

    Cher Jean-Luc, je me réjouis de vous savoir en partance vers l'Amérique latine. Profitez pleinement de votre séjour là-bas où le bouillonnement intellectuel et la dynamique des peuples contrastent si cruellement avec l'atonie de notre croulante Europe ! Partez tranquille. L'analyse que vous faites de la partielle de Villeneuve va servir à tous les militants pour préparer les combats qui nous attendent à la rentrée. Prenez grand soin de vous et faites bien la fête avec les latinos.

  6. 6
    christine dit:

    Jean Luc, je ne sais pas si tu lis tous les commentaires, le mien n'aura pas de valeur, car à côté de tous ces "gens remarquables" qui écrivent ici, je ne suis pas grand chose.
    Pour te rassurer, je tiens à te dire ma manière de penser au sujet de tes voyages en avion. Quand tu tapes Mélenchon sur "gogole" on ne parle que de cela ! Mais c'est bien, c'est qu'ils n'ont pas d'autres arguments.
    Et le FG, nous on s'en fou de ta vie privée, de l'argent que tu gagnes, de tes maisons, de ta femme etc. Du moment que tu es notre porte parole. Par contre on te fait confiance.
    J'espère que cette année tu vas en vacances en "classe affaire" ! Au fait pour ton dos je te conseille le sport, c'est pas mal. A la prochaine manif !

  7. 7
    Thierry_M dit:

    Faire une auto-critique trois jours après une élection, je dis bravo. Bravo, car cela permet de cadrer la réflexion puisque les responsabilités ont été établies. Bravo aussi, car tu montres pourquoi les idées, les stratégies et les tactiques ne peuvent être dissociées. Bravo encore, car tu montres qu'une élection locale dépasse ce cadre. Pour finir, dire qu'il faudra en tirer tous les enseignements pour les prochaines batailles, bravo.

  8. 8
    jean ai marre dit:

    Cher Jean-Luc Mélenchon, bonnes vacances, va falloir recharger les accus pour la rentrée.
    La fatigue ou la lassitude peut-être, mais je regrette que les sujets brulants du moment ne soient dans ce billet. J. Kerviel, je veux bien, mais attention à ne pas en faire trop ! Cahuzac, celui qui ne croyait pas à la lutte des classes, ou Tapie, le ministre de Mitterrand, ne méritaient pas un petit mot ? C'est de cela que nous débattons avec les gens du bas.
    Reposes toi bien.

  9. 9
    tchoo dit:

    Concernant la future loi de séparation bancaire, il est intéressant de prendre connaissance des échanges entre la commission parlementaire et les différents protagonistes invités à donner leurs avis aux députés. Et également de prendre connaissance de l'attitude de certains parlementaires, notamment de Karine Berger, dont on comprend mieux l'attitude quand on sait d'où elle vient. Tout ça est édifiant, et très démonstratif de la production de nuage de brouillard dont semble s'entourer avec délectation ce gouvernement.
    Quand à la signification du vote de Villeneuve, je voudrais bien que l'on se penche un jour sur le phénomène bien particulier, du "dernier assimilé qui ferme la porte"

  10. 10
    archerducher dit:

    Ils s'octroient des bonus de 75% les patrons de banques comme le dit Mr Mélenchon, le patron de Renault-Nissan, 9,98 millions d'euros. Y a des moments je me dis, au vu des résultats d’élections et de la collaboration de ce gouvernement ramolli, ils ont bien raison d'en profiter et plus ça va plus ils votent pour eux, les Brésiliens en ont marre, eux.

  11. 11
    Michel Guénot dit:

    Bonjour, je rappelle que même quand on est bon conducteur, il nous arrive de faire des bourdes. Bon repos du guerrier que vous êtes.
    Amicalement

  12. 12
    SandrineN dit:

    Dommage que les billets seront plus rares, j'y prenais goût mais je comprends il faut que tu te reposes. Ne t'en fais pas pour les critiqueurs, il y en aura toujours, en fait ils ne supportent pas qu'un politicien soit sain et intelligent.
    Il faut bien qu'ils trouvent des poux là où il n'y en a pas, ces imbéciles.
    Non tu n'as pas à te remettre en question concernant le FN ! Les responsables ? le PS et les médias. L'un ne le combat pas les autres lui font son lit. Comment faire face à ce mur ? Tant que ce mur médiatique ne sera pas abattu il sera difficile et compliqué de lutter contre ce FN.
    Je te souhaite de bonnes vacances, récupères bien
    Amicalement

  13. 13
    lemaire dit:

    Bonne vacances, Jean-Luc. Repos du guerrier bien mérité.
    Tes troupes t'attendent !

  14. 14
    Denis F dit:

    À force d'à force on en est là ! Eh oui ! La consigne étant de ne pas donner de consignes, et que le mot d'ordre est dém****z vous comme vous l'entendez, donne les résultats que nous sommes en train de récolter.
    L'auto critique c'est bien, mais si il n'y a pas de corrections faites, ça ne sert à rien ! Notre parti (PG) et le groupement (FdeG) auquel nous appartenons va "à la va comme je te pousse", c'est du grand n'importe quoi, c'est une énorme énergie qui n'est pas canalisée, c'est au final un grand gâchis d'une multitude d'efforts et de bonnes intentions qui partent en fumée.
    J'avoue que moi aussi je vais prendre quelques semaines de vacances non pas pour partir ailleurs, pour me changer les idées, je n'en ai pas les moyens, mais pour raccrocher et faire la paix avec moi même, je vais essayer de m'aimer un peu en m'occupant d'autre chose que de la politique qui me ronge un peu trop.
    Bonne vacances à toi Jean-Luc, et à vous lectrices, lecteurs et commentatrices, commentateurs de ce blog.

  15. 15
    Stockholmare dit:

    Oui, il faut penser en termes de stratégie globale, on ne peut pas avoir un FdG offensif pour les Européennes, et de l'autre des Municipales où les vieux mammouths du PCF continuent leurs petites magouilles mafieuses locales avec le PS pour garder leur siège auquel ils sont rivés depuis au moins 30 ou 40 ans. Cela décrédibilise totalement le FdG. Parisien, je voterai sûrement FdG aux Européennes, mais certainement pas aux municipales, vue l'alliance nauséabonde du PCF local et du PS qui se prépare. Bien dommage que tout cela, j'espère que le tir pourra être corrigé à temps.

  16. 16
    carlo dit:

    Nous cacher nos erreurs ne serait pas à la hauteur de l’événement et du seuil qu’il contient.
    Merci à Jean-Luc Mélenchon pour ce billet qui incite à l'autocritique, chose absolument nécessaire dans la situation actuelle.

    Cette fois ci, le Front national a pris la main comme alternative au système
    En effet. Le risque que le FN apparaisse durablement comme la seule alternative au système ne pourra être conjuré qu'en adoptant des positions beaucoup plus radicales sur l'euro. Les élections européennes approchant, le temps presse désormais.

  17. 17
    Michel Berdagué dit:

    C'est le moins que l'on puisse dire, le résultat, venant après le catastrophe résultat de l'Oise, à Villeneuve sur Lot prouve que nous n'avons pas su enthousiasmer ces abstentionnistes qui sont, faut-il le rappeler, la majorité. C'est bien dans la compréhension du pourquoi ils s'abstiennent et surtout dans un lieu symbolique et réel très loin de l'imaginaire dans un lieu ou en effet les conséquences, du choix de ce turbo-capitalisme en ultra libéralisme, frappent chaque personne au plus profond. Or qu'avons-nous fait depuis le 30 septembre 2012 ? De l'agitation dans le fourvoiement des 9 mois de détour dans ce parchemin inutile pour un couple quel qu'il soit, les licenciés et là à profusion de l'ordre jusqu'à 1500 / jour, les scandales de ce ministre et autres avec les finances issues de toutes les magouilles au pouvoir et dans toutes les institutions républicaines et pas que dans cette U.E./B.C.E./F.M.I., la non amnistie, la récession où personne ne croit à une perspective d'amélioration , nous n'avons pas su répondre aux attentes de la population. Une attente réaliste, de critiques prouvées, de faire rien qu'entrevoir une Alternative construite truelle en main et balai de nettoyage tant les déchets sont patents, ces abstentionnistes sont très politiques, personne à leurs yeux ne vaut le déplacement, et là nous devons dire que ces communications avec ces médias hostiles sont contre productifs et vont à l'encontre de notre propagande qui explique notre programme. Pourquoi cette hostilité manifeste des médias ? c'est simple nous avons le Pôle financier public avec les nationalisations/socialisations des banques avec la gestion et la propriété collectives : salariat et citoyenneté et la représentation dans une République refondée démocratique. Là c'est trop pour le capitalisme financier au pouvoir par sa bourgeoisie droite et gôche, de par leur fonction, il favorise toujours le fascisme, contre nos forces.

  18. 18
    teresa dit:

    La coagulation du miasme va progressivement se désintégrer par notre présence ! Ils le savent et c'est pourquoi ils tentent de normaliser ce FN qui protège les oligarques avant tout. Leurs mensonges criminels qui tuent le peuple et son humanité ne peuvent qu'un jour être que trop visibles pour des gens sérieux, honnêtes.
    Les banksters ne sécurisent pas tous les accès, c'est leurs complaisance magouillardes organisées qui font des victimes comme J Kerviel et bien d'autres. Les camarades salariés des banques devraient vous écouter et se préparer à les gérer un jour ou aider à leurs gestions. Aimer la qualité n'est pas un défaut.
    Bon été à vous aussi, on ne lâche rien, ni à B'sac, ni ailleurs !

  19. 19
    jmb dit:

    Bravo pour l'analyse du vote ça empêche de désespérer car le reste… Je pense qu'il y a à analyser aussi ce qui se passe actuellement à travers le monde pour trouver de l'énergie pour la suite. Un collègue sociologue vient ainsi de m'apprendre qu'en Turquie le peuple se réunissait tous les soirs dans les autres parcs d'Istanbul (et d'autres villes) pour parler et mettre en cause le lien entre gouvernement libéral et habillage religieux (ce que disent certains économistes tunisiens à propos d'Ennahada). L'enjeu est d'arriver à démonter le système d'enfumage de la finance pour empêcher que les peuples se soulèvent. Le FMI perfuse à tour de bras autour de la Méditerranée (avec aussi un peu le Qatar…) et les partis au pouvoir s'appuient sur l'islam pour masquer le réel, et Le Pen fait le travail en réponse en diabolisant les musulmans, cela se tient. Bref, je vais aller relire quelques livres cet été à propos de la guerre civile Espagnole et sur la Commune, histoire de trouver dans l'Histoire de quoi m'inspirer pour une rentrée qui va être chaude et tout cas qui pourrait l'être… Bonne Vacances !

  20. 20
    la pavana dit:

    Bonjour Jean Luc,
    A côté de cela, peut-être lui a-t-on facilité la tâche en publiant un tract en arabe que j’avais d’abord pris pour un faux quand on me le montra !...

    Je ne comprends pas le sens de ce commentaire, le tract viendrait de militants FdG ? Puis-je avoir un éclaircissement ?

  21. 21
    Jean-Louis50 dit:

    Bonjour.
    A propos des banques "L’Allemagne propose de ponctionner les dépôts des européens de 8%". Vu ici.

  22. 22
    julien S-R dit:

    Merci Jean-Luc!
    Il faut se rendre à l'évidence que la nuance n'est dans aucun propos du FN et que la cause tibétaine est bien plus "bankable" que ces nuances.

  23. 23
    hervé le gall dit:

    Au-delà de nos erreurs (réelles), non seulement les liens entre le FN et Cahuzac n'ont été mentionnés nulle part, mais il faut se souvenir que tout au long du week-end du 1er tour à Villeneuve, sont passées en boucle sur tous les médias, sans exception, des images de violence sur un terrain de football de la banlieue parisienne, dont les protagonistes n'étaient pas franchement albinos… Les médiacrates sont certes méprisables (je ne trouve pas de mot plus fort), mais pas stupides, ils ont lu le "propagande" de Edward Bernays, et en appliquent les préceptes. Nous pourrions peut-être en tirer une leçon, là aussi, avant que nos drapeaux/badges ne deviennent les "étendards de la défaite permanente", comme disait Hemingway, de la voile de son "vieil homme".
    Bonnes vacances, mes plus grands respects à Edward Snowden, si vous le croisez en Equateur.

  24. 24
    Génard Henri dit:

    Stockholmare à 11h05
    "...des Municipales où les vieux mammouths du PCF continuent leurs petites magouilles mafieuses locales avec le PS pour garder leur siège auquel ils sont rivés depuis au moins 30 ou 40 ans..."

    La ligne jaune est dépassée. Je me demande si des ennemis du FdG n'interviennent pas dans cette rubrique pour le faire exploser. Traiter les communistes de mafieux, il fallait y penser. Pendant 50 ans, je n'ai cessé, malgré les coups portés à mon parti (y compris par ceux qui se réclamaient du communisme dans les pays de l'est) de militer pour le bien être du peuple. Oui, il y a des désaccords entre nous, oui, il peut et il y a des désaccords au sujet des municipales. Caricaturer de tels désaccords en faisant croire qu'il s'agit pour l'essentiel de magouilles mafieuses pour garder des sièges, je trouve cela, et je pèse mes mots, ignoble. Que serait le FdG sans la lutte acharnée, continue, pendant des dizaines d'années des communistes, souvent à contre courant? Où étaient pendant ce temps les donneurs de leçons?
    Des discussions, dés débats, des confrontations entre nous OK. Mais je demande une chose, je la revendique, je l'exige... Du respect!

  25. 25
    Clara dit:

    Un vieux coco : "Avec les médias et l'internet, voir l'affaire Snowden - surveillance généralisée -, ils (les oligarques) ont gagné. Mais avec le Front de gauche, rencontrer les gens sur les marchés, tracter dans les boîtes aux lettres, réunir des assemblées, faire lire l'Humanité, cela ils ne peuvent pas le contrôler".

  26. 26
    Romain Kroës dit:

    "L'absence de séparation entre banque d'affaires et banque de détail (celle qui gère vos petites économies)" est le résultat de loi Giscard de 1973 et du traité de Maastricht qui soumettent le refinancement des banques à des contreparties qu'elles doivent acquérir sur les marchés financiers, et non plus en fonction de leur production normale de crédits à l'économie. Tant que ne sera pas abrogée cette disposition, rien ne pourra séparer les banques d'affaires et de crédit à l'économie. Allez-vous enfin prendre conscience de la véritable origine de ce problème et de son véritable remède, sachant en outre que ces mêmes dispositions concernent l'endettement public artificiellement contraint de se pourvoir, lui aussi, sur les marchés financiers ?
    D'une façon générale, l'analyse financière du FG est empiriste et manque de rigueur. Ce défaut participe, aussi, de la faiblesse que vous dénoncez face au FN.

  27. 27
    Menjine dit:

    "Auto" critique ? Qui va croire que la cause du gain de plus de 7000 voix par le FN entre les deux tours, de 5000 bulletins blancs et nuls, serait la distribution d'un tract en arabe littéraire ?Le moins qu'on en puisse dire c'est que le "coup de balai" du mois de Mai a mobilisé bien peu à l'échelon national eut égard aux nécessités du temps. La rupture, l'insurrection civique nous la voulons. Faut-il pour cela liquider toutes les positions restantes acquises par les luttes depuis 1920 ?
    Le Front de gauche c'est une alliance entre des couches sociales différentes, qui a des finalités différentes, beaucoup de communistes, vieux mammouths et jeunes révolutionnaires, se posent la question de la finalité qui les fait agir et qui par tactique (?), stratégie (?), incompétence des dirigeants (?) a disparu et s'est diluée dans les débats: l'appropriation collective des moyens de production. Le peuple ne "veut que son dû" chantons nous, il faut se donner les moyens de l'avoir ce dû. Nous savons et sentons bien que la question de la rupture porte sur l'Europe, machine à empêcher toute possibilité de passage à un autre mode de production. C'est le fait de ne pas se confronter à cela, c'est le fait de laisser croire qu'il y a une marge de manoeuvre possible pour changer l'Europe à l'échelle d'une vie humaine dans les conditions actuelles, qui fait que les électeurs entendant des slogans simplistes et flatteurs votent pour le pire. Nous avons refusé collectivement, toutes les composantes du FdG, d'aborder ce problème et de dire "comment" sortir, "comment" desserrer le carcan. Un des seuls pays où cette alliance entre "gauche radicale" et communistes ne s'est pas faite c'est la Grèce, et nous nous avons choisi l'alliance avec Syriza dont nous avons oublié le "nous ne sommes pas dangereux" identique à celui de Hollande. Nous sommes pieds et poings liés, la rupture est une posture. Triste bilan! Bonnes vacances.

  28. 28
    alain31 dit:

    Poser la question de l'orientation politique est effectivement hautement nécessaire. Qui est actuellement l'ennemi principal ? Le capital, la finance, certes. Mais, en terme politique, c'est manifestement le libéralisme que porte la finance et ses représentants politiques, à savoir la commission européenne et les gouvernements et partis de droite ou de "gauche" (les socio-libéraux). Notre critique doit-être frontale. Et nous devons faire nôtre le "dégage !" adressée à l'oligarchie et à ses représentants politiques et médiatiques. Où sont nos réserves ? D'abord et principalement chez ceux qui, écoeurés et/ou déboussolés, ne votent plus ou votent mal. Secondairement chez ceux qui maintiennent leur réflexe de vote "à gauche", c'est-à-dire pour le PS.
    Ces considérations doivent déterminer notre orientation, nos mots d'ordre. Il ne s'agit pas principalement (je souligne) de "mener un débat au sein de la gauche" mais de combattre toute politique libérale, frontalement. Et nos mots d'ordre doivent être clairs et incisifs pour traduire cette orientation. C'est ainsi que nous serons dans la meilleure position pour combattre au mieux le FN et gagner la bataille des idées. Celui-ci apparait pour beaucoup aujourd'hui comme la seule alternative aux politiques libérales. Il a pour fonction réelle de diviser le peuple et de réprimer/déprimer ceux qui luttent. Il est un danger très réel mais n'incarne pas (pas encore, au vu du rapport de force que nous pouvons créer) la politique de la finance. Son programme n'est pas favorable à la recherche du profit maximum. Il ne deviendra le recours du capital que lorsque nous deviendrons une menace réelle (et non seulement potentielle, en devenir) pour le pouvoir de la finance. Nous ne devons pas nous diviser entre nous, mais il nous faut débattre et clarifier. C'est l'heure. Je me sens donc en pleine convergence avec le point de vue de Jean-Luc Mélenchon.

  29. 29
    Antraigues dit:

    Cher Jean-Luc Mélenchon, je partage totalement votre analyse sur les résultats de Villeneuve sur Lot. Une campagne nationale flamboyante du FdG aurait certainement permis d’obtenir de meilleurs résultats. Ceci dit, il ne faut pas vous laisser aller à la lassitude, nous sommes des millions derrière vous ! Reposez vous, rechargez les accus et revenez nous gonflé à bloc ! Nous avons tous tant besoin d’une personne comme vous.
    Résistance

  30. 30
    patrick dit:

    Je suis un anonyme. A tort ou à raison, j'ai peur de ce dont l'époque est porteuse. Je vous remercie de vous battre pour la démocratie, le respect, le mélange, la dignité. Dans la nuit de la crise, quand les élites galvaudent la parole publique pour pousser le pays, le continent dans une horreur civile qui préserve leurs intérêts, se battre pour des valeurs, donner un sens à l'acte, au discours politique est vital. Quelles que soient les issues des échéances politiques à venir, votre combat doit être mené. Le fait que vous le meniez, avec nous, vos camarades, le fait que vous preniez des coups odieux ne doit pas vous faire oublier l'importance philosophique, humaine et politique du combat contre la bête qui insidieusement occupe nos médias et les têtes d'êtres aimés.
    Nous devons nous battre pour cette dignité. Quand nous serions une poignée, quand nous subirions les ignominies les plus éhontées, nous savons que notre horizon, la raison derrière laquelle nous portons ce que nous portons dépasse toute la veulerie de toute les coteries et de tous leurs commentateurs. Eux sont déjà morts, nous nous battons pour la vie, y compris la leur.
    Amitié, merci, bon courage à vous et à nous et reposez-vous bien. Hasta la victoria. Nous nous retrouverons à la fin de la nuit. Puissions-nous alors être nombreux et indemnes.

  31. 31
    Max Linder dit:

    Cher Jean-Luc Mélenchon,
    Tu amorce une discussion interne au Front de Gauche dont beaucoup ne semble pas avoir conscience de l'ampleur des dégâts si les réponses ne sont pas apportées.
    En effet, je me pose la question...
    [...]

    [Edit webmestre : Je ne sais que trop bien quel genre de débat vont induire sur ce blog vos accusations à l'encontre d'un des partenaires du FdG (toujours le même). Jean-Luc Mélenchon n'a rien amorcé du tout. Il propose simplement une analyse de la législative partielle de Villeneuve-sur-Lot qui ne vous autorise en rien à en tirer de telles conclusions. Stockholmare a déjà lancé la mode ce matin. Vous n'irez pas plus loin...]

  32. 32
    fernand dit:

    Bonjour les tous,
    Bon, il semblerait que 4 millions de personnes voterent front de gauche aux presidentielles.
    Admettons, comme dirait bigard, que ces 4 millions, meme un peu moins, decident, unilateralement, de mettre leur sous dans une banque cree a l'initiative du front de gauche...pour des projets, des idees..;etc...voire uniquement pour deposseder les bnp, societe generale et autres crapules existantes, de notre epargne......que se passe t'il ? On ne sait pas trop, mais honnetement ca aurait de l'allure !
    Quelqu'un s'y met ? moi, je ne sais pas faire mais je peux deplacer mes sous...meme s'il n'y en a pas beaucoup..

  33. 33
    Pourlavenir dit:

    Marine Le Pen tombe le masque sur la société qu'elle imposera si elle est élue

    Ce matin, sur France Inter, après 30 mns de dédiabolisation, à cette question précise d'un auditeur étranger : "je travaille depuis 20 ans en France où j'ai cotisé et payé mes impôts, si mon entreprise ferme, que je suis licencié que ferez-vous de moi", Marine Le Pen tombe le masque.

    Après une tentative d'esquive, elle répond : vous aurez 6 mois de chômage pour retrouver du travail (on n'est pas aux États Unis) puis, si vous ne pouvez pas subvenir à vos besoins vous serez expulsé. On ne peut plus clair, cet homme aura cotisé 20 ans pour le chômage pour se voir refuser toute indemnité après 6 mois. Pire, pendant 20 ans il aura bien participé à l'économie de la France par son travail et ses impôts, pour être jeté hors du pays où il a sa vie, peut être son logement et toute sa famille. Comme toute reconnaissance, une condamnation à l'expulsion comme un délinquant.

    C'est maintenant évident, si le FN gagne les élections, sous Marine le Pen, les droits de l'homme n'existeront plus, il n'existera que le droit du sol, au nom de la "préférence nationale", il ne restera qu'INHUMANITÉ. Cette barbarie ne se fera même pas au bénéfice des Français. Marine Le Pen prétend que ça sauvegardera l'emploi des "Français de souche". Au contraire, ça sera seulement des cadeaux aux employeurs, qui trouverons de bons esclaves, prêts à prendre n'importe quel emploi, à n'importe quel prix, pour ne pas être obligés de tout abandonner. Ca fera dégringoler les salaires de tous, y compris pour les "Français", et la concurence entre salariés, entre interdira toutes revendications sur les conditions de travail.

    Résultats, esclavage assuré pour tous, fin de toute intégration possible, montée des antagonismes des 2 cotés. Nul ne peut savoir où le cercle vicieux, révolte violente puis en réponse de plus en plus de répression policière, finirait.

    Est-ce vraiment cette société que les...

  34. 34
    Maryse dit:

    Merci Jean-Luc de votre incroyable énergie, de la force que vous mettez au service de ces combats, les vôtres, les nôtres, qui nous fait continuer à croire que nous arriverons, tous ensemble à finalement faire bouger les choses..
    Bonnes vacances, plus que méritées, je vous souhaite vraiment d'aller vous ressourcer, vous reposer, respirer un autre air.
    Ravie de savoir que vous passerez par Sao Paulo, où beaucoup de mes amis et collègues se sont soulevés à leur tour. Les photos publiées par Mediapart faisaient chaud au coeur, la créativité de leurs pancartes, la forte mobilisation, la couleur de leurs présences.. Ca nous change des images encore gravées de cette immense quantité de français réactionnaires, hostiles aux droits universels, même celui de s'aimer, çà nous change des "mots" Montebourg-Barroso, ou de l'autoroute de Marine construite par les médias..
    La présidente du Brésil a annoncé un Référendum sur la possible création d'une Assemblée Constituante.. info ou intox ? On ne le sait pas encore. Mais j'aurais envie de lui laisser le bénéfice d'un petit doute, car c'est la première chef d'état qui a réagi officiellement par une proposition, et non par une immédiate répression ! Espoirs venus d'Amérique du Sud, encore une fois ? On verra, mais on aimerait y croire !
    Très bon été à vous, et à bientôt, gardant tous la forme si on y arrive !

Publier un commentaire


Avant de poster votre commentaire, il est recommandé de prendre connaissance de la charte du blog.


 caractères restants
Blog basé sur Wordpress © 2009/2013 INFO Service - V4