Guerre de Hollande

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Guerre de Hollande
Louis xiv Maastricht.jpg
Louis XIV devant Maastricht
Informations générales
Date 1672 - 1678
Lieu Pays-Bas, Europe
Issue Traité de Nimègue
Traité de Westminster
Belligérants
Royaume de France Royaume de France
Flag of England.svg Royaume d’Angleterre
Flag of Sweden.svg Royaume de Suède
Black St George's Cross.svg Électorat de Cologne
Flag of the Prince-Bishopric of Münster.svg Principauté de Münster
Provinces-Unies Provinces-Unies
Saint Empire romain germanique après 1400 Saint-Empire
Flag of Cross of Burgundy.svg Monarchie espagnole
Wappen Mark Brandenburg.png Marche de Brandebourg
Flag of Denmark.svg Royaume du Danemark et de Norvège
Commandants
Louis XIV
François de Créquy
Abraham Duquesne
Jean II d'Estrées
Charles XI de Suède
Louis de Bourbon-Condé
Philippe de Navailles
François de Montmorency
Prince Rupert
Frédéric de Schomberg
Henri de Turenne
Sébastien Vauban
Louis de Vivonne
Jacques II d'Angleterre
Christian V de Danemark
Georg von Derfflinger
Frédéric de Brandebourg
Niels Juel
Charles V de Lorraine
Raimondo Montecuccoli
Michiel de Ruyter
Cornelis Tromp
Guillaume d'Orange
Guerre de Hollande
Batailles
Solebay  •  Groenlo  •  Schooneveld (1re)  •  Schooneveld (2de)  •  Groningue  •  Maastricht  •  Texel  •  Bonn  •  Besançon  •  Sinsheim - Seneffe  •  Entzheim  •  Mulhouse  •  Turckheim  •  Fehrbellin  •  Salzbach  •  Consarbrück  •  Alicudi  •  Agosta  •  Palerme  •  Valenciennes  •  Cambrai  •  Saint-Omer  •  Tobago  •  La Peene (Cassel)  •  Ypres  •  Saint-Denis
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La guerre de Hollande se déroule de 1672 à 1678. Elle oppose la France et ses alliés (Angleterre, Münster, Liège, Bavière, Suède) à la Quadruple-Alliance comprenant les Provinces-Unies, le Saint-Empire, le Brandebourg et l'Espagne. Elle modifie l'équilibre européen au détriment du royaume de France, qui triomphe néanmoins de ses adversaires sur le plan militaire. Les effectifs de l'armée française atteignaient 280 000 hommes. Par le traité de Nimègue, qui met fin à la guerre, la France doit restituer la plupart de ses conquêtes mais acquiert la Franche-Comté et plusieurs villes de Flandre.

Sommaire

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Les causes de la guerre[modifier]

Après la guerre de Dévolution (1667-1668), Louis XIV croit devoir se débarrasser de la Triple alliance de La Haye de 1668, et surtout des Provinces-Unies s'il veut continuer à conquérir les territoires espagnols (selon lui-même l'héritage de son beau-père Philippe IV). De plus, malgré les tarifs douaniers français très protectionnistes de 1664 et 1667, les Hollandais sont de redoutables concurrents pour les marchands et fabricants français. Une victoire sur la Hollande permettrait de réduire le problème. Aussi Louvois, qui depuis 1670, dirige le secrétariat d'État à la guerre pousse dans cette direction. La guerre contre les Provinces-Unies doit lui permettre de montrer au roi ses talents d'organisateur, voire de s'imposer face aux brillants chefs de guerre comme Condé et Turenne. L'opposition politique (la république protestante laisse éditer des médailles moquant le monarque absolu catholique) provoque aussi l'orgueil de Louis XIV.

La préparation diplomatique de la guerre[modifier]

Il s'agit de briser la Triple alliance de La Haye entre les Provinces-Unies, l'Angleterre et la Suède. Louis XIV envoie à Londres sa belle-sœur Henriette d'Angleterre qui négocie avec son frère Charles II. Moyennant une pension annuelle de trois millions de livres Charles II promet d'aider la France (Traités de Douvres de juin 1670 et de Londres en décembre).

En 1671, l'ambassadeur français Arnauld de Pomponne, est envoyé en Suède. En novembre Louis XIV obtient la neutralité de l'empereur Léopold Ier. En revanche, en décembre, l'Espagne, qui possède les Pays-Bas du sud (territoires actuels de la région Nord-Pas-de-Calais, de la Belgique et du Luxembourg), conclut un traité d'assistance mutuelle avec les Provinces-Unies. En avril 1672, le roi de Suède, contre une pension annuelle de 600 000 écus, s'engage à intervenir en Allemagne, si les princes allemands aident les Provinces-Unies, avec lesquelles s'allie l'électeur de Brandebourg, Frédéric Guillaume Ier.

Au début de l'année 1672, Louis XIV envoie le marquis de Chamilly, futur maréchal de France, à la tête de 12 000 hommes dans les terres de l'électorat de Cologne et de l'évêché de Münster (7000 fantassins et 5000 cavaliers), pour permettre à ses alliés de se préparer à la guerre, maintenant imminente. Les soldats français sont envoyés à Bonn, Kaiserswerth (aujourd'hui un quartier de Düsseldorf) et Neuss[1].

La guerre en 1672[modifier]

Le 28 mars 1672, Charles II d'Angleterre déclare la guerre aux Provinces-Unies. Le 6 avril, Louis XIV en fait de même. Sur mer, le 7 juin, l'alliance franco-anglaise essuie un échec à la bataille de Solebay (au large du Suffolk) devant la flotte hollandaise de l'amiral Ruyter qui sauve ainsi son pays d'une invasion maritime.

La guerre en 1672

Au contraire, la campagne terrestre fut couronnée de succès pour Louis XIV. Évitant les Pays-Bas espagnols, les Français entrent dans les Provinces-Unies. Le roi et Condé prennent Orsoy, Wesel, Rheinberg, Bürick[2] et le 12 juin passent le Rhin au gué de Tolhuis. Pendant ce temps le maréchal de Luxembourg occupe Zwolle, et Bernhard von Galen, le prince-évêque de Münster, commence le siège de Groningue, tandis que Turenne prend Arnheim et Nimègue. Mais sur les conseils de Louvois, Louis XIV ne marche pas sur Amsterdam pourtant à portée.

Conséquences de l'invasion française, le lynchage des frères de Witt marque le retour au pouvoir des stathouders.

Débordés, les Hollandais, dès le 16 juin, envoient des négociateurs qui proposent de céder les villes du Rhin, Maastricht, le Brabant et la Flandre hollandaise avec en sus une indemnité de dix millions de livres. Mais Louis XIV exigeant plus de terrain, le rétablissement de la liberté du culte catholique, et d'autres exigences pour humilier les Hollandais, c'est la rupture. Le 20 juin les Hollandais rompent les écluses de Muyden et provoquent l'inondation du pays. Les Français ne peuvent plus avancer. Le 8 juillet, Guillaume III d'Orange, déjà capitaine général (chef des armées néerlandaises), est nommé stathouder de Hollande, le 16 juillet stathouder de Zélande. L'assassinat le 20 août, du Grand-pensionnaire Johan de Witt, chef de la diplomatie hollandaise, et de son frère Cornelis, fait de Guillaume d'Orange le seul maître de la République : il sera l’adversaire le plus acharné de Louis XIV pendant près de trente ans.

C'est alors que l'empereur Léopold Ier décide de rompre la neutralité promise à Louis XIV. Il s'allie à l'électeur de Brandebourg le 23 juin et le 25 juillet avec les Provinces-Unies. Pour faire face et empêcher la jonction Allemands-Hollandais, Turenne est envoyé en Westphalie et Condé en Alsace. En décembre profitant du gel, les Français sont devant La Haye qui n'est sauvée que par un dégel soudain.

La guerre en 1673[modifier]

Louis XIV au siège de Maastricht

En Allemagne, le 26 juin, Turenne bat l'électeur de Brandebourg et le contraint à la neutralité. Le 29 juin, Louis XIV s'empare de Maastrichtd'Artagnan a trouvé la mort 4 jours plus tôt. En revanche l'amiral Ruyter bat la flotte franco-anglaise à Walcheren (7-14 juin) puis à la bataille de Texel le 20 août. Le 30 août, les Provinces-Unies, l'Autriche, l'Espagne et le duc de Lorraine Charles IV forment la Grande alliance de La Haye contre la France.

La guerre en 1674[modifier]

Louis XIV devant Besançon

Devant une telle coalition, l'état-major français prend de nouvelles dispositions et établit un front qui va de la Hollande à l'Alsace, en passant par la Rhénanie. Les Français prennent Colmar, Sélestat et Landau. Néanmoins, ces victoires sont sérieusement relativisées par l'arrivée des Impériaux, commandés par Montecuccoli. Peu à peu, tous les princes allemands initialement favorables à la France font défection, à l'exception de la Bavière.

Persuadé que Charles II cherche à rétablir le catholicisme, le Parlement anglais le force à faire la paix avec les Provinces-Unies en février 1674. La France doit donc évacuer les Provinces-Unies (sauf Maastricht)

Louis XIV continue néanmoins à attaquer la Franche-Comté qui appartient aux Espagnols. Le maréchal de Luxembourg occupe Besançon (20 mai) et Dole (7 juin). Chargé de contenir les Impériaux, Turenne traverse le Rhin et remporte la bataille de Sinsheim, le 16 juin 1674.

L'électeur de Brandebourg, Frédéric-Guillaume, rejoint la guerre le 1er juillet 1674. Turenne traverse une nouvelle fois le Rhin et ravage le Palatinat (juillet 1674) pour terroriser les princes allemands.

Le 11 août à la bataille de Seneffe en Belgique, Condé barre la route à Guillaume d'Orange, en route vers Paris. À la fin de l'année, les Impériaux et les Lorrains pénètrent en Alsace. Turenne passe par les Vosges en plein hiver et les écrase à la bataille de Turckheim le 5 janvier 1675. Les Impériaux sont forcés de repasser le Rhin.

En juin, les Hollandais de l'amiral Tromp tentent vainement de débarquer à Belle-Île.

La guerre en 1675[modifier]

Au début de l'année 1675, la Suède entre en guerre, poussée par la France. Elle attaque le Brandebourg mais est repoussée à Fehrbellin le 28 juin. Les Français envoient des troupes pour soutenir Messine révoltée contre son souverain le roi d'Espagne.

En Rhénanie la guerre s'enlise dans une chasse-poursuite. Le vicomte de Turenne est tué par un coup de canon le 28 juillet 1675 à la bataille de Salzbach. Les français doivent battre en retraite et les Impériaux pénètrent de nouveau en Alsace. Mais Condé arrive à les refouler en Allemagne et décide alors de prendre sa retraite. Le maréchal de Créquy est fait prisonnier à Trèves. La France doit évacuer Philippsburg.

La guerre en 1676[modifier]

Dans les Flandres, Louis XIV s'empare des villes de Condé (avril) et de Bouchain (mai) puis regagne Versailles.

En Méditerranée Duquesne attaque une flotte hollandaise, venue aider les espagnols, à Stomboli. Le 22 avril à Agosta, il combat une flotte combinée hollando-espagnole, Ruyter y trouve la mort. Après une nouvelle bataille navale, à Palerme, le 2 juin, les Français contrôlent la Méditerranée occidentale.

Réunis à Nimègue (Provinces-Unies) depuis juin, les envoyés des belligérants négocient les conditions de la paix.

La guerre en 1677[modifier]

Prêt avant les coalisés, le maréchal de Luxembourg s'empare de Valenciennes (17 mars) puis de Cambrai (18 avril). Pendant ce temps, Monsieur, frère du roi, bat Guillaume III d'Orange à Noordpeene lors de la bataille de la Peene (11 avril) et s'empare du bailliage de Saint-Omer, ainsi que des châtellenies de Cassel, Bailleul et Ypres. L'Artois et une partie du comté de Flandre sont aux mains des Français.

Le roi de Suède bat les Danois à Landskrona (24 juillet). Le maréchal de Luxembourg oblige Guillaume III à lever le siège de Charleroi et le maréchal de Créquy bat le duc de Lorraine à la bataille de Kokersberg (9 octobre) puis s'empare de Fribourg-en-Brisgau (16 novembre).

Mais en octobre 1677, Marie d'York, nièce de Charles II d'Angleterre, et son héritière en l'absence de descendance, épouse Guillaume d'Orange, marquant ainsi le rapprochement entre l'Angleterre et les Provinces-Unies (alliance du 10 janvier 1678).

La guerre en 1678[modifier]

Louis XIV décide de parer la menace de l'alliance anglo-hollandaise. Faisant converger ses armées, il prend Gand (9 mars) puis Ypres (25 mars). Les Hollandais sont de nouveau directement menacés. Les négociateurs de Nimègue sont presque d'accord sur les conditions de paix, mais Louis XIV demande que son allié suédois récupère les territoires perdus en Allemagne. L'empereur, l'électeur de Brandebourg et le roi du Danemark, concernés par ces territoires refusent de les rendre. La guerre reprend. Le maréchal de Créquy bat les impériaux sur le Rhin en juillet.

Désormais Louis XIV est en mesure d'imposer un dénouement à la guerre. C'est la paix de Nimègue, signée le 10 août 1678 avec les Provinces-Unies. L'Espagne fait la paix, le 17 septembre. En 1679, la paix est généralisée avec l'empereur (5 février), l'électeur de Brandebourg (20 juin), le roi du Danemark (2 septembre) et la Suède (26 novembre). Le traité de Nimègue est le triomphe de Louis XIV. Néanmoins il n'a pas réussi à conquérir les Pays-Bas.

L'Europe en 1678[modifier]

Le Traité de Nimègue est une victoire en demi-teinte pour Louis XIV. Car, même si à son retour à Paris il est surnommé « Louis le Grand », il n'a pas réussi à conquérir les Pays-Bas et l'Europe s'est unie contre lui.

Les principaux acteurs[modifier]

La Quadruple-Alliance[modifier]

Léopold Ier Empereur du Saint Empire
Guillaume III d'Orange
Cornelis Tromp
Michiel de Ruyter
Cornelis Evertsen
Léopold Ier
Raimondo Montecuculli
Charles IV de Lorraine
Frédéric Guillaume Ier de Brandebourg
Christian V de Danemark

Les Alliés[modifier]

Louis XIV; Portrait de 1672
Charles II d'Angleterre; Portrait de John Michael Wright (1617-1700)
Louis XIV
Louis II de Bourbon-Condé
François-Henri de Montmorency-Luxembourg
François de Créquy
Charles II d'Angleterre
Charles XI de Suède

Sources[modifier]

  • Négociations relatives à la succession d'Espagne sous Louis XIV ou ..., Volume 4
  • Lucien Bély, Les Relations internationales en Europe, XVIIe–XVIIIe siècles, PUF, 1998 (2e éd.) (ISBN 2-13-051755-2)
  • Paul Sonnino, Louis XIV and the Origins of the Dutch War, Cambridge University Press, 2003 (3e éd.)
  • Jean de Beaurain, Histoire des quatre dernières campagnes de Condé et du maréchal de Turenne, en 1672, 1673, 1674 et 1675
  • La Fontaine, Le Rat qui s'était retiré du monde, in Fables, Livre VII, fable 3, 1675. Cette fable fait allusion à un épisode de la guerre, côté français : un don sollicité par l'État auprès du clergé pour financer la guerre, et que les religieux payèrent par des... prières.

Notes et références[modifier]

  1. Ainsi, ils s'attèlent ainsi à la restauration de la citadelle de cette dernière place.
  2. Négociations relatives à la succession d'Espagne sous Louis XIV..., Volume 4 - page 6

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Article connexe[modifier]

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