Un attentat a visé l'ambassade de France à Tripoli, mardi 23 avril, blessant deux gardes français, dont un grièvement, et provoquant d'importants dégâts matériels, selon une source française. Une source de sécurité libyenne a affirmé que l'explosion était due à une voiture piégée. Les deux Français blessés sont des gendarmes mobiles.
Le premier gendarme a été sérieusement blessé mais "son pronostic vital n'est pas engagé", a précise la direction de la gendarmerie à Paris. Le second gendarme a été choqué par l'effet de souffle. Des gendarmes sont régulièrement affectés pour une période de deux ou trois ans à la protection d'ambassades de France, particulièrement en Afrique.
Selon un correspondant de l'Agence France-presse sur place, le bâtiment abritant les locaux de la chancellerie a été fortement endommagé et une partie du mur de l'enceinte a été détruite. Deux voitures garées devant l'ambassade étaient calcinées. Selon une journaliste de France Inter également présente sur place, l'ambassade est partiellement détruite.
LAURENT FABIUS ATTENDU EN LIBYE
La France "condamne avec la plus grande fermeté l'attentat" commis contre son ambassade, a déclaré François Hollande, qui attend de la Libye que "toute la lumière soit faite" sur cette attaque. "Cet acte vise, à travers la France, tous les pays de la communauté internationale engagés dans la lutte contre le terrorisme", a ajouté le président de la République.
"En liaison avec les autorités libyennes, les services de l'Etat mettront tout en œuvre pour que toute la lumière soit faite sur les circonstances de cet acte odieux et que ses auteurs soient rapidement identifiés", a ajouté le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, qui doit se rendre en Libye dans la journée, selon une source diplomatique. Il a été chargé par François Hollande de rapatrier les deux blessés et de prendre "toutes les mesures nécessaires".
"UNE EXPLOSION TRÈS FORTE"
Son homologue libyen, Mohammed Abdel Aziz, a condamné de son côté un "acte terroriste contre un pays frère qui a appuyé la Libye durant la révolution". L'attentat survient dans un contexte d'insécurité croissante en Libye avec des milices qui y font la loi et dans un contexte régional marqué par le conflit au Mali où l'armée française est intervenue contre les islamistes radicaux.
Un Libyen présent sur place a publié sur Twitter plusieurs photographies de l'ambassade, qui montrent notamment une voiture en feu :
L'explosion s'est produite à 7 heures. L'ambassade est installée dans une villa à deux étages située au coin d'une rue du quartier résidentiel de Gargaresh. "On a entendu une forte détonation à 7 heures. C'était une très grave erreur d'installer l'ambassade de France dans notre quartier", a déclaré l'un des voisins accourus sur les lieux.
"J'étais dans mon lit, j'ai entendu une première grande explosion. Puis une ou deux autres, moins massives. Je suis à côté de l'ambassade de France, ça a été ma première réaction : 'Oh non, c'est l'ambassade de France !'" "C'est tout cassé, ici. Les vitrines... Nous n'avons pas d'informations sur les blessés, rien. Mais il y avait beaucoup de fumée, c'était une explosion très forte", a rapporté également une Française voisine du bâtiment sur Europe 1.
Des enquêteurs libyens sont arrivés sur les lieux de l'attentat, où les forces de sécurité tentaient d'évacuer le secteur. "Il ne reste plus rien de mon bureau", a déclaré une employée française de l'ambassade. L'ambassadeur de France, Antoine Sivan, arrivé sur place, n'a pas souhaité faire de commentaires.
Le souffle dégagé par l'explosion a endommagé les canalisations, inondant la rue voisine.
En septembre 2012, le consulat des Etats-Unis à Benghazi, dans l'est de la Libye, avait été la cible d'une attaque fatale à l'ambassadeur américain et à trois autres Américains. Mais c'est la première fois qu'une représentation étrangère à Tripoli est visée par une attaque depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi, en 2011. En 2011, la France de Nicolas Sarkozy a participé à la coalition qui a mené des raids aériens contre les forces du régime Kadhafi pour aider la rébellion au sol. L'opération, dans le cadre de l'ONU, a permis de venir à bout du régime de Mouammar Kadhafi tué en octobre 2011 à l'issue d'un conflit de huit mois.